19 Sep 2015
12:00–13:30

Organization: Geneva Environment Network

Conférence organisée par le Geneva Environment Network et la Fédération Genevoise de Coopération dans le candre d’Alternatiba Léman à la Maison des associations.

Les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) pointent la question cruciale des migrations de déplacements climatiques depuis un quart de siècle. D’après leur dernier rapport, les changements climatiques vont amplifier les risques existants et en engendrer de nouveaux pour les systèmes naturels et humains. Ces risques, qui ne sont pas répartis uniformément, sont généralement plus importants pour les populations et les communautés défavorisées de tous les pays, quel que soit leur niveau de développement.

Alors que la question des migrations fait débat dans le monde entier, des experts du climat et des migrations ayant contribué à la préparation de la COP21 sont revenus sur les enjeux des migrations liées au changement climatique.

PANEL

  • Mariam TRAORE CHAZANOEL, Experte associé en matière de migration, environnement et changement climatique, Organisation internationale pour les migrations (OIM)
  • Alexandra BILAK, Directrice de la recherche et des politiques de l’Observatoire des situations de déplacements internes (IDMC) du Conseil Norvégien pour les Réfugiés (NRC)
  • Rolph PAYET, Secrétaire éxecutif des Conventions de Bâle, Rotterdam et Stockholm, et ancien ministre de l’environnement des Seychelles
  • Ousmane DIANOR, Directeur AccEd et membre du Conseil de la FGC

DISCUSSION

Résumé des points principaux par Maribel Rodriguez, FGC

Genève est un lieu unique qui réunit des acteurs du Système des Nations Unies, des scientifiques et une société civile engagée qui permet ensemble de réfléchir, se concerter et agir pour avoir une incidence réelle sur des enjeux globaux comme les migrations et le Changement Climatique.

L’ensemble des interventions de cette table ronde s’accorde à reconnaître, comme l’a exprimé Alexandra Bilak de l’IDMC, que les migrations climatiques sont un enjeux de développement à part entière.

Bien que ce phénomène soit extrêmement difficile à chiffrer de manière précise et au-delà de la bataille des chiffres, il apparaît clairement que les migrations climatiques se caractérisent par :

  • Le fait qu’elle suivent une tendance à l’augmentation (aujourd’hui la probabilité de devoir migrer pour des raisons liées au changement climatique – modification des conditions du climat ou désastre naturel – est 70% plus élevée qu’en 1970), que celle-ci s’accélère et que les déplacements ont tendance à se pérenniser (en moyenne 25 ans)
  • Des causes diverses, mais toutes dérivées de l’activité humaine
  • La complexité de ces migrations à la fois longitudinales (la modification permanente des conditions climatiques, déplace progressivement et de manière permanente les populations) et soudaines (les catastrophes naturelles hydrométéorologiques) qui requièrent de la combinaison de mesures distinctes, à la fois urgentes et d’adaptation à long terme.
  • L’ensemble des pays est menacé par des mouvements de personnes dont les conditions de vie sont fortement contraintes par le changement climatique, néanmoins tous les pays ne sont pas égaux face à ces menaces : à plus grand niveau de pauvreté, plus grande vulnérabilité, bien que ceux qui sont les plus vulnérables sont également ceux qui ont eu historiquement le moins de responsabilité dans l’accélération du changement climatique.

Le cas des PEID (Petits Etats Insulaires en Développement) présenté par Ralph Payet, Secrétaire exécutif des Conventions de Bâle, Rotterdam et Stockholm, et ancien Ministre de l’environnement des Seychelles, montre de manière archétypique comment, dans des conditions extrêmes, le changement climatique peut devenir une contrainte omniprésente dans tous les aspects de la vie et du développement. Loin d’être un cas marginal, 50 millions de personnes vivent dans ces territoires. Enfin, ce cas nous montre également comment le déplacement des populations va être une nécessité que nous ne pouvons nier, il s’agira de négocier les meilleures conditions pour celle-ci.

Pour sa part, la coopération au développement, de manière encore plus marquée grâce l’ambitieux cadre général des Objectifs de Développement Durable qui sera approuvé ce mois-ci à New York, contribue de manière essentielle à donner une réponse positive à ce phénomène, puisque comme Ousmane Dianor, Directeur d’AccEd, l’explique, celle-ci contribue à fixer les populations sur leur territoire et à faciliter le retour de celles et ceux qui sont partis en contribuant à instaurer de bonnes conditions locales d’existence. De plus, la coopération joue un rôle important dans le plaidoyer pour sensibiliser les acteurs sociaux à la problématique et les engager à donner une réponse efficace à ces enjeux.

Enfin, si comme l’affirme Mariam Traoré, de l’OIM, les migrations sont une stratégie efficace d’adaptation au changement climatique, il n’en est pas moins vrai qu’elles posent d’importants défis géopolitiques. Ces derniers devront être assumés par l’ensemble des acteurs : états nationaux, coopération internationale, système ONU, société civile de manière sereine et pragmatique pour obtenir des solutions à long terme. Ces réponses ne pouvant évidemment pas être des murs, mais de vraies solutions pour un phénomène qui est appelé à s’accentuer dans la mesure où le changement climatique est entré dans une phase d’intensification que les engagements des états ne semblent pas être à même de freiner, malgré les grands espoirs fixés sur la COP 21 qui aura lieu en décembre à Paris.

https://www.genevaenvironmentnetwork.org/wp-content/uploads/2020/05/flyer_alternatiba_migration_0.pdf